De ses multiples engagements, on n'a connu de près que celui sur la Palestine mais il ne fait pas de doute qu'elle menait les autres, de l'action syndicale aux sans papiers ou mal logés, des gens du voyage aux migrants en rétention, avec la même détermination. Bien avant cela, militante du planning familial, elle s'était illustrée dans sa défense de l'IVG, alors taboue, bien avant la loi Veil... |
|
On n'a fait sa connaissance que tardivement, nous déjà "seniors" et elle déjà veuve et vieille dame, menant son corps défaillant à la dure, sans plus de concession pour elle-même que pour les innombrables salauds qui foulent triomphalement aux pieds les droits humains - par ivresse du pouvoir et pour quelques dollars de plus. Toute sa vie était imprégnée d'une éthique protestante intransigeante, jusque dans sa façon d'habiter - dans le partage. |
Sa vaillance était incroyable... Ni les effroyables rhumatismes qui la pliaient en deux, ni son bras invalide, ni ce respirateur que, sur la fin, elle traînait avec elle jusque dans la salle d'un ciné-débat, n'avaient pu la contraindre à se coucher et arrêter son combat. La guigne qui la poursuivait aura eu finalement raison d'elle, à l'usure - comme de nous tous. S'il existe un au-delà pour récompenser les gens de bien, comme le voulait sa propre croyance, alors son histoire est de celles qui finissent bien. Dans le cas contraire, la trace discrète de son passage restera en nous comme une exigence pour faire que le monde soit un peu moins moche. |
Poète gazaoui, directeur du département de français de l'université de Gaza et collaborateur régulier de l'Humanité, Ziad Medoukh est l'auteur du livre "Etre non-violent à Gaza" et de nombreux poèmes, parmis lesquels "Je résiste dans la dignité". Il apprenait à ses étudiants les armes de la non-violence. Il les emmenait aider les agriculteurs pendant la récolte des fruits et légumes, donner un coup de main aux pêcheurs, et les invitait à s'impliquer dans un programme de soutien psychologique aux enfants traumatisés, partageant ses initiatives sur une chaîne YouTube : "Gaza la vie". |
|
Le 03/12/23 au soir, son frère, ingénieur agronome reconnu et investi dans la lutte contre la pauvreté, la femme de celui-ci et leurs cinq enfants sont morts dans les bombardements de l'occupant israélien. Il se retrouve sans abri et perd tous ses souvenirs, mais assure qu'il restera toujours à Gaza.
Bisan Owda, originaire de Gaza City, est une vidéaste de 25 ans qui est passionnée d'histoire et amoureuse de sa terre natale. Depuis ces derniers mois, des millions de personnes attendent de ses nouvelles chaque jour, pas seulement pour connaitre les dernières actualités, mais également pour entendre sa voix. Chaque vidéo commence par "This is Bisan from Gaza, I am still alive." (C'est Bisan de Gaza, je suis toujours vivante), et informe de la situation, les bombardements, les sièges, mais aussi les états d'âme des Palestiniens. Ayant elle-même été déplacée à plusieurs reprises depuis octobre 2023, elle se rend au plus proche des Gazaouis, dans les camps de réfugiés et les hôpitaux, au péril de sa vie, pour livrer des témoignages poignants. Outre montrer la destruction, Bisan continue de penser à la reconstruction, d'imaginer et de se battre pour une Palestine dans laquelle elle pourra reprendre sa passion de la réalisation et conter des histoires. Elle est un visage parmi d'autres qui a choisi de porter sa voix durant ce génocide, pour que les échos de leur histoire continuent à résonner dans le monde d'après. |
||
Son travail important est disponible sur les liens (externes) suivants : |
Le poète et prof d'anglais et de littérature créative Refaat Alareer est mort le 6 décembre 2023 dans un bombardement ciblé contre lui à Gaza, en même temps que sa soeur et que 4 de ses neveux. Quelques jours auparavant, il avait reçu des menaces. Il y a répondu par ce poème. |
Il enseignait à l'université de Gaza qui, d'après Israël, était - surprise! - un centre opérationnel, politique et militaire important du Hamas. Il encourageait les Palestiniens à apprendre l'anglais, disant que cela leur permettrait d'avoir plus d'impact, par leurs écrits, que s'ils les rédigeaient en arabe et il a fait publier une collection de courtes histoires de fiction, sur le thème de la vie à Gaza, intitulée "Gaza writes back". |
Il a peut-être été ciblé en raison de sa popularité et pour avoir déclaré à la BBC que l'attaque du 7 octobre était "légitime et morale, exactement comme le soulèvement du ghetto de Varsovie".
L'historien israélien Ilan Pappé fait partie des "nouveaux historiens" qui ont réexaminé de façon critique l'histoire de l'état d'Israël et du sionisme. Les causes de l'exode des 700 000 ou 750 000 Palestiniens qui vivaient dans la partie de la Palestine qui devint Israël en 1948 ont fait l'objet d'une controverse entre historiens. Les historiens israéliens affirmaient que les Palestiniens avaient principalement fui à la suite d'ordres des dirigeants arabes : tandis que d'autres estimaient que l'exode avait été planifié par les autorités israéliennes. |
|
La thèse de Ilan Pappé est proche de l'historiographie palestinienne. Il considère que l'exode palestinien est comparable à une épuration ethnique qui aurait été le résultat d'une politique planifiée par David Ben Gourion et un objectif désiré par le mouvement sioniste. De plus, toujours selon lui, cette politique aurait été appliquée dès décembre 1947 et non pas seulement lors des expulsions qui se produisirent après juillet 1948. Benny Morris a également fait référence à plusieurs reprises à ces événements en les qualifiant de nettoyage ethnique. (Source : Wikipedia). Il a publié en 2006 "Le nettoyage ethnique de la Palestine", hélas encore d'actualité aujourd'hui. |
Sulala est le seul refuge animalier de Gaza. Situé dans la partie Nord, il a dû être évacué au début de l'attaque israélienne en novembre 2023. Les chats ont pû être relogés, les chiens malades ou blessés ont été évacués dans des brouettes (à cause de l'état des routes et du manque d'essence). Les autres chiens ont été relâchés. Les cages et la barrière ont été ouvertes et le stock restant de croquettes a été mis à leur disposition. Maintenant, ils chassent les rats et, tous, ils lèvent la tête dès qu'ils entendent un avion. Saaed Al-Err, le fondateur de ce refuge, continue de se battre pour obtenir de la nourriture pour les chats et les chiens errants. Il recueille et soigne également des ânes. Dans un contexte apocalyptique, il arrive encore à trouver quelques croquettes et de quoi bander les plaies des animaux blessés. Sulala est soutenu par de nombreux australiens sensibles à la cause animale. |
Un refuge géographiquement proche, situé du côté israélien, a proposé de recueillir les animaux que Sulala ne pouvait pas garder, mais les autorités israéliennes s'y sont opposées. De dangereux terroristes risquaient probablement de se déguiser en chat ou en chien pour s'infiltrer en Israël.
On aime ces deux gamines. On ne connait pas leur nom. Un voisin passait dans leur rue, il leur a fait un "coucou" et les a prises en photos. On comprend facilement pourquoi, elles sont si mignonnes. Quelques jours plus tard, une bombe israélienne est tombée sur leur maison. Aucune des deux n'a survécu. Si ça c'était produit en France et que les meurtriers n'aient pas été inquiétés, des journalistes s'informeraient, des politiciens twitteraient leur indignation, des milliers de personnes descendraient dans la rue en brandissant leurs photos et en réclamant justice. En France, ce serait un scandale majeur. A Gaza, c'est l'atroce banalité. JUSTICE! Source : la BBC |